• Les mots de la liberté

    Nouvelle écrite par Lemony (Marzipan) à l’occasion du concours de Meïkah

     

    Une jeune fille kidnappée par un jeune homme dont elle était tombée amoureuse retrouve enfin sa “liberté”.

     

    Trois ans. Trois stupides années que j’aurais finalement pu abréger si facilement. Pourquoi n’avais-je pas hurlé dès la seconde à laquelle j’avais réalisé ? Par fierté, peut-être. Pas inconscience, sûrement. Pourquoi diable aurais-je refusé, après tout. Quel adolescent en mal de repère, prêt à renier père et mère pour à jamais être oublié aurait refusé de quitter son chez lui qui ne l’était plus vraiment pour repartir à zéro ? Évidemment, je me suis souvent voulu de ne pas avoir réfléchi. De me pas avoir été assez futée pour réaliser que cela n’était pas une bonne idée. Mais je n’étais à l’époque qu’une enfant, comment voulez-vous prêter ce genre de choix à quelqu’un qui n’a pas vingt ans ? Alors j’ai simplement accepté, accepté de m’y installer comme on accepte d’aller boire un verre, comme une chose anodine et sans la moindre répercussion. J’étais simplement aveuglée, aveuglée par un sentiment que je pense ne jamais pouvoir définir. J’espère simplement ne pas avoir été amoureuse, ce sentiment stupide qui pousse les gens à faire les mauvais choix. Je vous en prie, tout, mais pas ça. Après tout, quel être ne trouvant pas sa place aurait refusé de se poser ? A trop courir après la liberté, j’ai simplement perdu le peu qu’il pouvait m’en rester. Comment a on pu me rendre aussi bête, comment ais-je pu être influencée de la sorte, moi, cette furie que rien n’atteignait ? Je le hais, tellement, lui qui m’a changée avant même qu’il n’aie rien prononcé.


    Trois ans. Trois effroyables années qu’il m’a suffit d’hurler pour pouvoir abréger. Trois ans enfin partis en fumée quand la voisine à réalisé, quand les agents sont arrivés. Je pense que tout cela s’est déroulé rapidement, comme dans ces stupides films auxquels personne ne croit. Le monde qui m'entourait me semblait tellement étranger à ce moment là que je n'espérais plus qu’il puisse un jour me rejoindre. Mais ce soir là, les choses étaient allées trop loin. Alors, mes cris d’effroi avaient déchiré la nuit pendant que le peu qu’il me restait d’humanité, de jeunesse et surtout de liberté partaient définitivement en fumée. Puis, tout était arrivé sans que je ne sois capable de m’en rendre compte. L’arrestation, le procès, les hurlements de ma mère ayant depuis bien longtemps perdu tout espoir de me revoir un jour vivante mêlés à ceux de la voisine se maudissant de ne jamais en trois ans avoir rien remarqué. Je crains ne jamais pouvoir exprimer le temps que cela à pris, le ressenti que tout cela m’a procuré. Non, car j’ai désormais cessé d’être capable de penser. De pleurer. Presque même de parler. Je ne suis plus qu’apte à me haïr, de détester l’adolescente stupide que j’ai pu incarner. Car aussi belle soit la fin de ma captivité, je me sens toujours aussi enfermée. Perdue dans ma tête comme dans un labyrinthe, un manoir dont la seule clef est à jamais perdue, dont le seul moyen de sortir serait de retrouver un sentiment de pouvoir être comprise, écoutée, conseillée. Je me hais, moi qui ai perdu, peut-être à tout jamais, ce sentiment de liberté.


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